Jacques Heers nous a quitté

Jacques Heers nous a quittés en laissant une œuvre considérable à de nombreux égards.
Né en 1924, il était issu d’une famille de petits commerçants et c’est au métier d’instituteur qu'il se destinait initialement avant de poursuivre des études d’histoire qui l’ont mené à  l’agrégation puis au doctorat, pour une thèse sur Gênes au XVème siècle soutenue sous la direction de F. Braudel.
Assistant de Georges Duby à Aix en Provence, puis professeur à Alger jusqu’en 1962 avant de l’être à Caen, à Nanterre puis à la Sorbonne où il sera le directeur des études médiévales , il a entamé ses recherches sous les auspices de l’école d es Annales, qui privilégiait l’histoire économique et sociale  (donnant notamment un manuel de la collection « Nouvelle Clio » sur l’économie de l’Occident aux XIVème-XVème siècles). mais il mesure rapidement le caractère réductionniste d’une telle approche et élargit le champ de ses recherches et de ses réflexions..
Cela nous vaudra des ouvrages consacrés aux villes et à la vie urbaine au Moyen Age dans l’espace de la Chrétienté méditerranéenne , la première croisade, la prise de Constantinople par les Croisés de la IVème, ainsi que  des biographies de  Louis XI et de Jacques Cœur.
De manière plus générale, il pose ensuite  la question des  rapports entre mémoire et histoire et déconstruit  les mensonges et les préjugés qui ont longtemps accompagné l’enseignement de sa discipline en France. Il remet notamment en cause la vision faite d’idées reçues qui prévaut le plus souvent à propos du « Moyen Age » assimilé à une période obscurantiste alors qu’elle correspond à l’éveil de l’Occident européen appelé à une ascension continue jusqu’au tragique XXème siècle.
Il a enfin donné, il y a peu, une "Histoire des guerres d'Italie" tout à fait originale, qui vaut par la nouveauté des perspectives mises en avant. Professeur courageux dans les  conditions difficiles qui étaient celles de Nanterre à l’époque du pitoyable carnaval soixantehuitard, Jacques Heers a toujours témoigné d’une grande indépendance d’esprit et a  accompagné et encouragé, depuis ses débuts,  la Nouvelle Revue d’Histoire dirigée par Dominique Venner.

Source : Réseau identitée